Bonjour Bernard,
Je me permets de te poser une question à propos du pardon. Tu dis:
« Toutefois, si nous pouvons nous joindre à un reflet de cet Amour tel que Jésus ou le Saint-Esprit, et regarder comme nous nous accusons nous-mêmes avec leur présence aimante à nos côtés… »
Comment nous joindre? Exemple: je me surprends en train d’avoir une réaction par rapport à une situation pour laquelle je me serais énervé si je n’en avais pas été conscient. Comment me joindre à Jésus avec ce que je viens de découvrir? Lui en parler? Lui dire voilà ce que j’ai remarqué?
Peux-tu m’éclairer sur cette notion de se joindre à Jésus ou au Saint-Esprit en donnant un exemple concret? (cafetière, Dupont, etc.)
Merci
Bonjour,
Alors, qu’est-ce que cela veut dire « Se joindre avec Jésus ou le Saint-Esprit? » c’est un peu ça, ta question, je crois.
La réponse courte:
Cela veut dire imaginer une présence qui ne pense pas comme vous, qui ne réagit pas comme vous, qui reste en quelque sorte en dehors de votre situation, qui peut vous aider à trouver une autre explication pour votre réaction négative, une explication qui n’est pas la même que la vôtre. Avec cette sagesse à côté de vous, vous changez votre perception de l’autre personne, vous laissez tomber votre énervement, votre jugement, et votre sentiment d’avoir été contrarié.
En bref, cela veut dire arrêter d’insister sur votre jugement. Et si vous n’y arrivez pas, alors vouloir arrêter de juger. » La condition nécessaire de l’instant saint ne requiert pas que tu n’aies pas de pensées qui ne soient pures. Mais cela requiert que tu n’en aies aucune que tu veuilles garder. » (T-15.IV.9:1-2)
Quand j’entends Mr Dupont, le serveur au café, faire une réflexion sur moi à un collègue, d’une façon à peine voilée pour que je l’entende, j’essaie immédiatement de vouloir trouver une autre façon de réagir, au lieu de me sentir attaqué et humilié dans ce lieu public. J’essaie de trouver une autre Sagesse qui n’est pas la mienne, parce que mon propre esprit va mal me guider dans cette situation. Une autre présence est là pour nous, assise juste à côté de nous au café, dans la voiture, à table à la maison, au bureau. Je veux me joindre avec la perception de cette présence aimante. Quelle est cette perception ? Voilà la question que je dois me poser. Comment cette présence regardera cette personne ?
Cela veut dire aussi prendre du recul par rapport au problème, faire basculer mon attention vers un autre endroit dans mon esprit où je cherche une autre expérience plus calme, plus mature et sage, plus en retrait. Un endroit où je peux me poser cette question: est-ce que ma souffrance et ma réaction sont vraiment, vraiment justifiées par cette situation, ou bien est-ce que je ne pourrais pas être un peu plus heureux ici, malgré ce qui se passe?
Je fais cette démarche et je me pose ces questions en imaginant qu’il y a une véritable présence de sagesse, mature, intelligente et détachée, qui peut m’aider.
La réponse longue:
L’idée de se joindre avec Jésus est justement ça, d’abord une « idée ». C’est–à–dire que sur notre chemin vers la Vérité ultime, nous cherchons toujours l’expérience derrière les idées et les concepts. Nous ne cherchons pas littéralement à nous joindre avec quelque chose ou avec quelqu’un – tout cela, c’est des symboles, un langage, que nous utilisons pour accéder à un certain état d’esprit que nous avons écarté de notre conscience. Donc, ce sont des mots, des concepts, des idées. Et nous pouvons trouver plusieurs façons de dire exactement la même chose, en utilisant chaque fois un langage différent ou des symboles légèrement différents, mais le fond sera toujours pareil. Si tu arrives à trouver ce fond, cet état d’esprit, cet « esprit juste » dans le langage du Cours, alors tu t’es joint avec Jésus, même si tu n’as pas cette impression spécifique.
Qu’est-ce que cet état d’esprit si spécial que nous cherchons?
Kenneth Wapnick nous disait toujours que s’il y a une absence de jugement ou de différence dans notre perception, nous pouvons être sûrs que nous avons fait le travail.
Il n’existe en réalité que Jésus (le symbole du Cours de notre esprit juste où demeure le souvenir de la réalité) et l’égo (le symbole de notre esprit faux où réside le mensonge de la séparation). Il n’y a que ces deux présences entre lesquelles nous pouvons choisir, et nous sommes toujours dans l’un de ces esprits.
Puisque l’ego est la voix du jugement, il ne peut pas ne pas juger. Et donc, s’il y a une absence de jugement, nous avons forcément choisi de nous joindre à notre esprit juste, à Jésus. Ça c’est le résultat de ce processus que nous essayons de mettre en place dans notre esprit, le fait de chercher un endroit où il y a cette absence de désir de juger.
Maintenant, comment faire?
Des suggestions pour procéder par « étapes »:
1) Être conscient et attentif à son état d’esprit.
Être vigilant de notre état d’esprit pour savoir quand nous commençons à ne plus être en paix. Être attentif à nos réactions de colère, d’irritation, de tristesse, de peur, d’anxiété etc.
«Ce que Dupont a dit à mon sujet n’est vraiment pas gentil. Je suis triste, contrarié, en colère et un peu humilié.»
Nous ne devons pas prétendre à être parfait, et devons être suffisamment conscients pour savoir que nous sommes en train d’avoir une expérience négative.
2) « J’ai tort, car la paix est toujours présente. »
Dès qu’on remarque une perte de paix intérieure, on considère qu’on a forcément mal choisi et qu’on a tort. Pour référence: T-30.I «Les règles pour la décision» ; T-5.VII.6.7-11 «La décision de choisir Dieu» ; «Est-ce que tu veux avoir raison ou être heureux?» T-29.VII.1:9 ; «Je ne suis jamais contrarié pour la raison à laquelle je pense.» Leçon 5.
Donc, je me suggère, «Dupont a dit ce qu’il a dit et il pense ce qu’il pense, mais ça n’a rien à voir avec moi. Je n’ai pas raison de ressentir cet agacement, cette colère et cette honte. J’ai forcément mal choisi. J’ai tort, je dois forcément avoir tort parce que la Paix doit toujours être présente ici.»
3) « Je n’arrive pas relâcher le problème. J’ai peur de le relâcher, et j’ai peur de l’Amour. »
On remarque sa difficulté à trouver cette paix d’esprit. Ce n’est pas parce qu’on est bête ou méchant, c’est un signe de notre résistance ou de notre peur de relâcher notre façon de voir le problème. Cette difficulté est un reflet de notre peur de relâcher notre attachement à notre particularité et reflète aussi notre peur de l’Amour. Voir «La peur de la rédemption», une section très importante.
Donc, on se dit: «D’accord, je dois avoir un peu peur de relâcher ma réaction négative, de trouver la paix et de voir cette personne différemment, c’est pour ça que je n’arrive pas bien à ressentir la Paix qui doit être là, ici et maintenant.»
4) On crie «Au secours – je ne peux pas faire ça tout seul! Est-ce qu’il y a quelqu’un qui peut m’aider?»
Et en criant son besoin d’aide, on cherche à se souvenir qu’il y a Un autre qui ne pense pas comme nous, qui ne réagit pas comme nous face à cette situation, qui pourrait nous aider à voir comment il est possible de ne pas réagir avec agacement, colère, tristesse et peur. On peut essayer d’imaginer comment Jésus ou un grand Sage réagirait dans cette situation, s’il était à côté de nous. Comment serait-il, face à Mr Dupont? Agacé, comme nous? Ou serein et heureux?
5) Plus de légèreté
Pour terminer , nous devrions avoir une toute petite pensée de légèreté, pour dédramatiser un peu la situation, pour enlever le trop plein de sérieux. Notre première défense est de faire une grande histoire de cette situation. Mais notre deuxième défense sera de faire une grande histoire de notre incapacité à enlever nos réactions d’ego, et de retrouver la paix. Dans les deux cas, nous devons apprendre à transformer notre sérieux avec une petite pensée de légèreté.
D’abord, ce qui se passe dans notre vie n’est pas aussi sérieux que nous pensons. Deuxièmement, ce qui se passe dans mon esprit n’est pas vraiment aussi sérieux que ce que je crois. Il ne faut pas enlever un problème juste pour en créer un autre!
L’idée est de transformer le problème extérieur (ce que cette personne nous a dit) en un problème intérieur (mon refus de l’Amour présent), puis de voir que le problème intérieur est un faux problème (l’Amour est néanmoins toujours présent, malgré tous nos efforts de Le détruire) – donc, plus de problème du tout!
Dans la pratique
Dans la pratique, «se joindre à Jésus» peut vouloir dire l’imaginer devant soi ou assis à côté de soi, ou lui parler de notre contrariété. Peu importe la façon dont nous imaginons que Jésus vient nous aider, l’essentiel est de se voir aidé par une présence d’un Amour infaillible, qui nous aime malgré nos réactions égotiques, qui ne juge personne, ni nous, ni notre bourreau, et qui n’accepte pas l’idée que nous nous faisons de notre souffrance.
Choisir le bon «Jésus» !
Mais attention : il faut être absolument sûr de l’image que nous avons de Jésus, car il sera très facile de visualiser le « Jésus de l’ego » en train de nous aider ! Le Jésus de l’ego nous dirait, par exemple, que l’autre est vraiment méchant, mais que nous devons lui pardonner puisque nous sommes « très spirituels » et liés avec Jésus. Le Jésus de l’ego nous dirait que nous sommes vraiment des victimes, que notre souffrance est réelle et importante, et que notre situation est vraiment difficile, mais que nous pourrions nous en sortir avec son aide parce qu’il a des pouvoirs spéciaux.
Cela n’est pas le Jésus du Cours qui nous regarde tous avec la plus grande douceur, complètement en retrait de la situation, en train de nous rappeler qu’il n’y a pas de vrai problème devant nous, qu’il n’y a pas eu de vraie contrariété ni d’attaque. Que notre souffrance n’est pas ce que nous pensons. Qu’il n’y a pas de véritable cause à notre souffrance parce que seul son Amour est réel. Et par conséquence nous ne sommes pas véritablement des victimes.
Cela ne veut pas dire que nous ne devons pas souffrir – souffrir est inévitable dans le monde de la séparation. Mais que quand nous souffrons, nous devons tourner aussi vite que nous pouvons vers un autre Esprit, celui de Jésus ou de n’importe quel autre symbole de Sagesse intemporelle, pour lui demander de l’aide afin de transformer notre perception de notre situation.
J’espère que cela te donne quelques idées pour mettre en pratique cette idée de chercher de l’aide en faisant appel à Jésus, le symbole du Cours de la vérité, de la sagesse et de l’Amour intemporel.
Bien à toi,
Bernard
Oui j’aime bien l’idée d’imaginer Jésus à nos côtés, dès que nous ne ressentons plus la Paix et de formuler en nous la REPONSE, qui est presque toujours un faux problème une illusion!
Merci
Bonjour Anaïs, merci pour votre commentaire. Oui, quel bonheur d’apprendre, avec l’aide de notre guide intérieur, Jésus, que nos problèmes sont toujours des faux problèmes. Comme vous dîtes, une belle Réponse est toujours là. Bernard