Question :
J’ai une peur au ventre par rapport à ma situation financière. Ça me préoccupe tout le temps. Comment puis-je réfléchir par rapport à l’argent pour avoir plus de paix ?
Réponse :
Tout d’abord, j’ai envie de te dire que tu fais un très beau parcours, profond et juste, vers cette lumière intérieure qui nous anime tous. Il se fait simplement que sur ce chemin, les obstacles sont beaucoup plus importants et beaucoup plus inconscients que ce que nous pensons. Je sais que c’est drôle, voir paradoxale et même contradictoire, de dire que les obstacles dans une illusion peuvent être ‘importants’, et à la fin, bien sûr, ils ne sont rien. Mais c’est notre peur de reconnaître la vraie nature de l’existence qui nous empêche de voir cette simplicité et facilité. Il est très important que nous apprenions, donc, à respecter notre peur, notre difficulté à clarifier nos pensées et enlever l’illusion de notre esprit. Nous pouvons même dire que c’est ceci le chemin, d’apprendre à connaître nos difficultés, nos peurs, et à marcher main dans la main avec l’amour, la patience, la tendresse envers nous-mêmes.
Le chemin ne nous fait pas marcher directement vers la Lumière. Elle est là, partout, tout le temps. Nous apprenons plutôt à ressentir et connaître comment l’Amour est capable de nous aimer même dans notre illusion, même avec toutes nos peurs qui nous semblent tellement irrationnelles, tellement inutiles et mêmes parfois juvéniles. Nous cherchons justement nos problèmes, nos endroits de manque d’amour, et nous prenons la main de l’Amour pour les regarder.
Nous avons un long parcours encore à faire, et ces questions d’argent (et d’autres encore) vont faire partie de notre paysage, de notre ‘école’ pour encore un peu de temps. De la patience, et encore de la patience. J’ai lu récemment dans le Cours que la Patience infinie est l’Amour infinie ; c’est une façon d’accepter que, d’abord, nous ne sommes pas jugés si nous ne sommes pas encore dépourvus de toute peur et haine, et que nous avons tout le temps dans l’éternité pour y arriver, car en réalité, notre être est déjà parfait : nous hésitons simplement à accepter ceci comme vrai.
Plus spécifiquement par rapport à ta question, l’argent a un rôle symboliquement très puissant pour nous dans nos vies ici. L’argent contient toutes sortes de signification par rapport à notre valeur, notre survie, notre rôle sociale. Nous pouvons tous faire une petite liste de ce que l’argent signifie pour nous. C’est plus facile à faire cette liste quand on pense que ce que ça nous ferait de ne pas en avoir ! Nous nous sentons : faibles, vulnérables, inadéquates, incapables, non-méritants, attaqués, manquants d’amour et de considération, limités, non-appréciés, injustement traités par la vie, en colère, désespérés, tristes, petits… Rien de tout ceci est mauvais. Dans un sens, nous pouvons même dire que c’est bon, dans le sens qu’il est important de reconnaître le fond de notre esprit. Il est important de ne pas balayer tout ceci sous le tapis dès qu’il y a un peu d’argent qui rentre.
Ce qui est très important à savoir maintenant, c’est qu’aucune de ces réactions émotionnelles et psychiques n’est en relation avec l’argent. Ce que le manque d’argent nous fait ressentir ne vient pas de ce manque d’argent. C’est le sens de cette leçon tellement importante (no 5) « Je ne suis jamais contrarié pour la raison à laquelle je pense. » Nous pouvons aussi dire, « Je ne suis pas dans la peur, l’agacement et la haine de moi à cause de ce manque d’argent. » Non – il y a une autre raison. Justement, notre focalisation sur l’argent est là pour nous empêcher d’identifier cette autre raison : la vraie cause. Il y a toujours une pensée de séparation d’avec notre vrai Etre, notre réalité, d’avec l’Amour de Dieu, qui est la vraie cause de ces sentiments.
Nous pouvons ainsi voir comment tous ces sentiments listés ci-dessus s’appliquent à quelqu’un qui pense qu’il est séparé de Dieu. Tout ce que nous pensons, tout ce que nous ressentons, dans toutes les différentes écoles de nos vies ici (argent, travail, relations, santé, etc) est toujours, toujours, et uniquement par rapport à notre Source céleste et notre séparation d’avec Elle, et jamais par rapport aux autres acteurs et conditions dans nos vies. Les situations de nos vies sont des métaphores pour ce qui se passe sur un niveau beaucoup plus profond (le niveau existentiel ou plutôt ‘ontologique’, selon Kenneth Wapnick), même si nous ne le voyons pas comme ça.
La seule vraie solution est d’essayer de nous calmer, de retrouver un moment de paix dans la journée, et de se rappeler que nous sommes profondément acceptés auprès de notre Père, notre Source divine, même avec cette condition terrestre. Nous ne faisons qu’un avec la Source d’Amour, et rien sur cette planète ne peut changer cette condition. Nous essayons de reconnaître que le vrai problème n’est pas ce que nous pensons, mais une peur de l’Amour, une peur qui n’est pas justifiée. Et nous sommes patients et doux avec nous-mêmes. Nous essayons de trouver cet endroit de calme en nous qui ne juge plus. Qui ne nous juge plus. Il y a beaucoup de leçons dans le livre d’exercice pour nous aider à entrer en contact avec cet Amour et non-jugement.
Le fait de faire les exercices de recul et d’acceptation de soi par rapport à l’argent n’est pas une formule magique. Il n’y a pas de formule entre X quantité de pardon et X quantité d’argent. Il ne faut jamais perdre de vue que le Cours est écrit sur plusieurs niveaux. Donc, même si le Cours nous fait croire dans certains passages que le Saint-Esprit nous donnera une réponse à toutes nos requêtes, et même si l’expérience de Helen Schucman était que Jésus l’aidait à trouver des magasins en solde, ce n’est pas en réalité comme ça que ça fonctionne. D’abord, le Cours est là uniquement pour nous aider à trouver la paix, une paix, il nous dit, qui est présente partout et tout le temps. C’est cette paix qui est la réponse à tous nos besoins et à toutes nos questions. Il n’y a pas de condition extérieure qui abolit cette paix : c’est nous qui la chassons de notre conscience.
A un certain niveau d’apprentissage du Cours, Jésus nous dit de lui demander (ou de demander au Saint-Esprit) pour toutes nos questions. Ceci n’est pas pour qu’on ait une meilleure vie extérieure, mais simplement pour commencer le processus de mettre nos pensées dans ses mains. Ce que nous captons par la suite comme une réponse « de Jésus » ou du « Saint-Esprit » peut venir de notre esprit juste OU de notre esprit faux – il n’y a pas de règle. Nous pouvons être presque sûr, par contre, que s’il existe encore de la peur en nous que notre écoute sera faussée par ce blocage. Et nous savons s’il y a de la peur en nous si nous sommes investis dans un résultat particulier. Si nous ne sommes pas parfaitement en paix n’importe la réponse et n’importe le résultat, nous pouvons considérer que nous avons peur et que nous sommes investis avec notre particularité. Ceci n’est pas un péché ou une faute : c’est juste un signe que nous avons encore peur d’accepter l’amour et le manque de jugement présent pour nous si la situation ne s’arrange pas comme nous la voulons. Nous insistons toujours qu’un certain résultat est impératif pour notre bonheur uniquement parce que nous pensons toujours être ces individus coupés de notre réalité dans l’esprit.
Malgré ceci, nous serons toujours tentés de nous dire, « Bon, maintenant que j’ai pardonné, il faut que l’argent commence à rentrer. » D’accord, il n’est pas aussi simple, mais pourquoi ?
Souvent les grandes ‘écoles’ dans nos vies, comme l’argent, ne partent pas aussi facilement que ça. Même après beaucoup de réflexion et de travail, les mêmes sentiments et les mêmes conditions peuvent toujours persister. Ceci ne veut pas dire qu’on est bête ou incapable ou fautif. Ça veut dire que pour X raison, nous avons décidé que l’argent (par exemple) sera une école importante pour nous dans cette vie par laquelle nous allons avancer de plus en plus vers l’Amour et le non-jugement de nous-mêmes. Ca aurait pu être une autre école (les relations, la santé…) donc ça n’a pas d’importance laquelle nous sommes en train de choisir sur un plan inconscient. C’est important simplement d’identifier quelle est son école et de la reconnaître telle qu’elle est. Encore, ce n’est pas une faute d’avoir certaines conditions dans cette vie qui ne sont pas optimales. Si la seule condition pour entrer au Ciel était de régler nos conditions matérielles terrestres, il y aura beaucoup plus d’êtres éveillés sur la planète !
Sur un plan plus pratique, par contre, nous avons tous besoin d’un minimum d’argent. Se donner les moyens de vivre décemment dans cette vie est un signe de gentillesse et de compassion envers soi-même. Donc, en même temps que nous sommes en train de pratiquer ces exercices de pardon et d’amour, nous devons faire un projet concret pour stabiliser notre situation. Quand il y a un manque d’argent, c’est souvent parce qu’il y a aussi un souci dans le domaine du travail. (Ce n’est pas forcement le cas pour tout le monde.) Il est important pour chacun de trouver une source de revenu d’une façon ou d’une autre. Ça peut venir d’un emploi ou de quelqu’un qui nous soutient financièrement ou d’une autre source. Pour la plupart d’entre nous, nous aurions besoin de trouver du travail. Et c’est là où d’autres questions importantes de l’esprit peuvent entrer en jeu. Le travail est souvent une autre école pour faire notre apprentissage d’acceptation et d’amour de soi.
Il n’y a pas de mal à trouver un travail ‘alimentaire’. C’est honorable et d’une grande bienveillance envers soi-même de trouver un emploi quelconque pour subvenir à ses besoins. Il n’y a pas de mal à chercher un travail, ne se laissent que quelques heures par semaine, pour faire rentrer un peu d’argent. Je trouve personnellement que sur ce chemin il est important d’avoir aussi un travail ‘normal’ qui nous fait nous intégrer dans la vie ‘normale’. Nous ne devons pas focaliser sur le chemin spirituel à l’exception de tout le reste. Le ‘tout le reste’ EST notre chemin spirituel, le chemin qui nous accompagne dans toutes les situations de la vie. L’essentiel est que nous vivons chacun la vie qui est la sienne. Il n’y a pas de compte à rendre, à personne, et pas de raison d’avoir honte de notre situation financière ou de nous sentir jugés ou observés.
Tout est bon sur le chemin de la vie. Tout est une expérience au sein d’un Amour que nous ne voyons pas, mais que nous apprenons doucement à reconnaître.