Comment « l’imperfection » peut-elle exister au sein de la Perfection ?

Comment « l’imperfection » peut-elle exister au sein de la Perfection?

Question:
Récemment quelqu’un m’a envoyé un email posant cette question pérenne : comment une pensée imparfaite (qui est à l’origine de ce monde) peut-elle émerger dans quelque chose de parfait (l’Amour de Dieu, le Ciel) ? J’ai tenté de trouver une réponse satisfaisante à sa demande. Peut-être pouvez vous aussi apprécier la difficulté d’appréhender la vérité à partir de l’illusion.

Ma réponse:
Je comprends bien ta question et la confusion. Nous sommes nombreux à nous être posés la même question ! Je vais essayer de te proposer quelques pistes de réflexion :

1) Nous avons conçu l’esprit humain (de l’ego, de l’individu) pour ne plus contenir la pensée de la Réalité parfaite et infinie. Il a été fabriqué pour exclure l’Amour, pour se tenir à part de cette Totalité. Et donc tout simplement il y a beaucoup de choses que notre esprit fini ne peut comprendre. Par contre, nous pouvons en avoir une expérience. Mais nous ne pouvons pas comprendre la Réalité unie – pas avec notre intellect. L’intellect par définition est associé à notre individualité. Il faut une faculté d’esprit complètement différente pour pouvoir saisir la nature de la réalité, et comment la perfection et l’imperfection peuvent sembler coexister. C’est le domaine de l’expérience, et non pas de la réflexion, proprement dite.

2) L’imperfection n’existe pas en réalité, mais nous avons tellement voulu avoir une expérience d’autre chose que la perfection, que nous avons fini par imaginer « l’imparfait ». Mais pour faire ceci, nous avons dû IMAGINER l’imparfait, car une telle chose ne peut exister en réalité. Nous ne pouvons pas saisir la véracité de ce fait tant que nous sommes identifiés avec nos corps. C’est à dire, tant qu’il y a une partie de ma volonté qui veut penser que je suis réellement ce corps et cette personne, je ne peux pas voir que tout ces corps sont imaginaires. Il faut comprendre que l’expérience de la vie ici en tant que corps vient de notre souhait de connaître l’imparfait. Ceci ne veut pas dire que c’est mauvais, juste que ce n’est pas la perfection du Ciel, et que ce n’est pas notre réalité mais une illusion.

Notre travail est donc de continuer lentement et progressivement à préparer notre volonté pour enfin vouloir, et pouvoir, savoir que nous ne sommes pas ces images que nous voyons dans la glace tous les matins. Cette préparation se fait, selon le Cours, par la pratique du pardon authentique tous les jours. Nos jugements et nos pensées de différences sont le moyen par lequel nous perpétuons notre volonté de nous voir séparés des autres et de l’Amour parfait et uni. Le pardon nous aide à retrouver chaque brin de notre volonté mal-placée et de la corriger. Donc, petit à petit nous défaisons notre envie de rester nous-mêmes et imparfaits, pour accepter que nous puissions être, en fait, autre chose (une partie de la Perfection).

3) Le fait de poser cette question est souvent une façon déguisée de déclarer que l’impossible a pu se produire, et s’est produit. C’est à dire, poser cette question est souvent plutôt une déclaration qu’une vraie question ouverte. Elle dit, bon, l’impossible s’est produit, maintenant explique-moi comment. Il n’y a pas de ‘comment’. Elle ne s’est pas produite. Donc le Cours nous dit de ne pas passer trop de temps à se poser cette question, mais de pratiquer la réponse. Quand nous dégageons les obstacles à notre vision (notre envie de rester dans l’imperfection en dehors de l’Amour) nous allons enfin voir la vérité : la vérité que ceci ne s’est pas produit, sauf dans une sorte de rêve vague et illusoire. Et une fois que nous voyons ceci, nous comprenons que même ce rêve n’a jamais eu lieu.

C’est comme un rêve que tu as fait quand tu avais cinq ans. Tu as rêvé que tu avais fugué de la maison et que tes parents s’étaient fâchés. Tu avais peur de rentrer à la maison mais tu es rentrée quand même, et tu as trouvé maman et papa tellement contents de te revoir. Sauf que tu n’avais jamais vraiment fugué, et maintenant tu ne te souviens même pas de ce rêve, donc c’est comme s’il ne s’était jamais produit. Nous sommes juste en train de revoir un rêve qui a eu lieu il y a très, très longtemps, qui est fini, terminé, et nous voyons juste quelques vagues souvenirs de ce très vieux rêve. La fin est sûre, comme nous dit le Cours. Le rêve se termine bien, nous rentrons tous à la maison que nous n’avons jamais quittée.

Les moines Zen nous ont laissé une gentille devinette : Si tu te réveilles dans une maison en train de brûler, est-ce que tu vas rester longtemps dedans à chercher la cause du feu ? Ou est-ce que tu ne vas pas simplement chercher à en sortir? Dans la pratique du Cours, « sortir de la maison brûlante » se fait par la remise en question tous les jours de notre façon de considérer les autres coupables et différents. Défaire notre envie de rester séparés et différents guérit notre envie de ne pas connaître l’Amour parfait et uni. Et la Vérité se révèle enfin à notre esprit ouvert.